|
Les carrés magiques sont connus depuis
au moins quatre millénaires. La première règle connue pour leur formation est
attribuée au moine grec Moschopoulos qui vécut au 14e siècle. Par
la suite, plusieurs mathématiciens dont Fermat, de La Hire, Bachet de Méziriac,
Euler en ont fait l’étude. Ils ont élaboré de nombreux procédés de
construction. Si on excepte les carrés, peu d’études ont cependant été
faites sur les treillis magiques. À l’occasion, des problèmes sont posés.
Ils se retrouvent principalement dans certains livres ou revues de
mathématiques récréatives.
Nous voulons présenter les treillis
magiques dans un contexte global. Pour ce faire, nous allons définir le
vocabulaire propre à ces figures, proposer une méthode de classification et
définir certaines propriétés générales. Puis, nous allons expliciter un
procédé visant à construire des treillis magiques.
1.0 Notion de treillis
Un treillis est une figure formée par des lignes qui s’entrecroisent
et dans lequel les nœuds peuvent contenir des nombres ou des objets. Afin de
pouvoir écrire les nombres ou de placer les objets, on dessine notamment des
petits cercles ou des petits carrés à la place des nœuds qui sont alors appelés
cellules. Un sous-ensemble de cellules accolées ou reliées est appelé
rangée. Le treillis de la figure 1 peut être représenté sous les trois
autres formes montrées dans les figures 2, 3 et 4.

2.0 Classes de treillis
D’après la disposition des rangées, on peut
distinguer quatre classes de treillis :
2.1 Les treillis rectilignes : ceux dont les cellules accolées sont
disposées de façon à former des rangées horizontales, verticales ou obliques
et ceux dont les cellules sont reliées par des segments de droite. Ces rangées
sont dites rectilignes. Le treillis de la figure 5 contient six rangées de
trois cellules chacune : trois horizontales et trois verticales. On
pourrait ajouter deux rangées diagonales si on reliait les cellules par une
droite.

2.2 Les treillis polygonaux : ceux
dont les cellules sont reliées par des segments formant des polygones
généralement congruents qui constituent les rangées. Dans le treillis de la
figure 6, les trois rangées de trois cellules chacune sont constituées par des
triangles grisés. Le treillis de la figure 7 contient cinq rangées de quatre
cellules correspondant aux cinq losanges grisés. On marque les polygones pour
indiquer la place des rangées ou on l’exprime par des mots. Ces rangées sont
dites polygonales.
2.3 Les treillis curvilignes : ceux
dont les cellules sont reliées par des arcs de cercles ou par des courbes
fermées. Le treillis de la figure 8 contient quatre rangées de quatre cellules
chacune, celui de la figure 9 trois rangées de trois cellules chacune. Ces
rangées sont dites curvilignes.

2.4 Les
treillis mixtes : ceux qui ont les propriétés d’au moins deux treillis
définis précédemment. Il peut arriver que la forme d’un treillis mixte soit
identique à un treillis rectiligne, polygonal ou curviligne. Ce sont des
informations additionnelles concernant les rangées qui vont préciser la classe
du treillis. Le treillis de la figure 10 est polygonal si on considère
seulement les carrés pour définir les rangées. Il est mixte si on considère
une troisième rangée, soit le segment de la base qui supporte quatre cellules.
Les rangées de ces treillis peuvent être rectilignes, polygonales ou
curvilignes.
3.0
Treillis harmonieux
Un treillis est dit harmonieux quand toutes les
rangées ont le même nombre de cellules. Le treillis rectiligne de la figure 11
est harmonieux si on s’en tient aux rangées indiquées par des pointillés.
Il comporte sept rangées de trois cellules : trois horizontales et quatre
verticales. On pourrait ajouter des diagonales de trois cellules et il serait
encore harmonieux. Le treillis polygonal de la figure 12 n’est pas harmonieux.
Il contient deux triangles de trois cellules et un de quatre cellules.

L’ordre d’un
treillis est le nombre de cellules par rangée. Le treillis harmonieux qui a
trois cellules par rangée est d’ordre 3. Lorsque le treillis n’est pas
harmonieux, l’ordre est multiple. Le treillis de la figure 12 est d’ordre
(3, 4).
4.0 Classification des treillis
Afin de pouvoir identifier chaque treillis, on leur
attribue un code et un sous-code.
4.1 Code attribué à un treillis
Le code est constitué de cinq paramètres sous la
forme : A-B-C-D-E où A est le nombre de cellules du treillis,
B le nombre de rangées, C le nombre de cellules par rangée ou ordre du
treillis, D le degré des cellules, E le compteur de différenciation. Pour
le treillis de la figure ci-dessous, A = 9, B = 8 et C = 3. Pour établir le
paramètre D, nous allons d’abord définir le degré.

Le degré d’une cellule correspond au
nombre de rangées qui passent par cette cellule. La figure 13 montre le degré
de chaque cellule. Quatre cellules sont de degré 2, quatre de degré 3 et une
de degré 4. Nous allons condenser cette information en un nombre dont l’unité
représente le nombre de cellules qui sont de degré 1, la dizaine le nombre de
cellules de degré 2, la centaine le nombre de cellules de degré 3, l’unité
de mille le nombre de cellules de degré 4 et ainsi de suite. Le paramètre D de
la figure 13 est 1440. Notons que la somme des "chiffres" du
paramètre D doit être égale au paramètre A. Lorsque le nombre de cellules
est plus grand que 9, on souligne tout nombre excédant 9.
Le cinquième paramètre est un compteur
qui permet de lister les treillis et de les différencier. Nous expliquerons un
peu plus loin comment déterminer le compteur. Le code du treillis de la figure
13, sauf le compteur, est : 9-8-3-1440. Nous considérons que deux treillis
ont le même code quand les quatre premiers paramètres sont identiques.
4.2 Sous-code attribué à un treillis
Le sous-code est formé de n-uplets dont les
éléments sont les degrés des cellules. On forme un n-uplet pour chaque
rangée. L’ordre de lecture sur le treillis se fait de gauche et à
droite et de haut en bas. Le treillis de la figure 14 contient cinq
triplets : (1, 2, 3), (2, 2, 2), (2, 2, 2), (1, 2, 3), (2, 3, 2). On
écrira en abrégé : 2 × (1, 2, 3), 2 × (2, 2, 2) et 1 × (2, 3, 2), c’est
le sous-code. Notons que le nombre de n-uplets est égal au paramètre B
et le nombre d’éléments dans chaque n-uplet au paramètre C.

Les treillis
15 et 16 ont le même code et un sous-code différent. Le code des deux treillis
est : 7-5- 3-160. Le sous-code du premier est : 2 × (2, 2, 2), 3 ×
(3, 2, 2). Le sous-code du second est : 2 × (2, 2, 2), 3 × (2, 3, 2).
Deux treillis ayant le même code sont différents lorsqu’au moins un n-uplet
du sous-code est différent ou encore lorsqu’au moins un élément n’est pas
dans la même position dans un n-uplet d’un sous-code à l’autre.
5.0
Treillis isomorphes
Deux treillis sont isomorphes quand ils ont le même
code et le même sous-code. Les treillis 17 et 18 sont isomorphes. Leur code est
5-2-3-14. Leur sous-code est : 2 × (1, 2, 1).

Deux treillis magiques isomorphes
utilisent les mêmes combinaisons de nombres et les nombres apparaissent dans le
même ordre sur les rangées. Le code des deux treillis 19 et 20
est 5-2-3-14. Le sous-code du premier est 2 × (1, 2, 1). Le sous-code du
second est 2 × (1, 1, 2). Les deux treillis ne sont pas isomorphes.
Le compteur
est conçu pour classer les treillis isomorphes. La valeur du paramètre est
relative, parce qu’elle peut être différente d’une personne à l’autre.
Le premier treillis trouvé par une personne reçoit "1a" comme
compteur. Si le deuxième treillis trouvé n’est pas isomorphe, on le désigne
par "2a", le troisième par "3a" et ainsi de suite. Si le
deuxième treillis trouvé est isomorphe à "1a", on le désigne par
"1b", le troisième par "1c" et ainsi de suite.
6.0
Magie d’un treillis
Un treillis d’ordre n est magique quand des
nombres sont disposés dans les cellules de telle manière que la somme soit la
même dans chaque rangée. Cette somme est appelée densité du treillis
magique. Par ailleurs, la disposition des nombres dans le treillis constitue une
configuration.
Le treillis de la figure 21 comporte
huit rangées et neuf cellules. Son ordre est 3 et sa densité 15. Celui de la
figure 22 possède trois rangées et sept cellules. Son ordre est 3 et sa
densité 13.

Un treillis d’ordre multiple est
magique quand la somme des nombres de chaque rangée est proportionnelle au
nombre de cellules par rangée. Le treillis de la figure 23 a trois rangées et
sept cellules. Il est d’ordre (3, 4). La somme est 12 pour les rangées de
trois cellules et de 16 pour la rangée de quatre cellules. La densité est (12,
16) : ce qui fait un rapport de 3 à 4, comme pour l’ordre du
treillis.
Un treillis magique est normal quand il
est constitué des entiers consécutifs différents à partir de 1’unité
jusqu’au nombre de cellules. Le treillis magique de la figure 21 est normal ;
ceux des figures 22 et 23 ne le sont pas.
7.0 Densité des treillis magiques harmonieux et normaux
La densité d’un carré magique d’ordre n
est unique. Elle correspond à un seul nombre. Ce carré magique d’ordre 4
(fig. 24) a une densité de 34. Il existe 880 configurations différentes.
|
2 |
14 |
11 |
7 |
|
15 |
3 |
6 |
10 |
|
5 |
9 |
16 |
4 |
|
12 |
8 |
1 |
13 |
Fig. 24
Nous allons maintenant nous attarder à
la formation des treillis magiques harmonieux qui sont normaux. Définissons d’abord
la densité probable et la densité possible. La densité probable est celle qui
s’applique à tous les treillis ayant le même nombre de cellules. La densité
possible constitue un sous-ensemble des densités probables et s’applique à
un treillis donné. Une densité probable peut devenir possible ; une
densité possible peut engendrer des configurations ou pas.
7.1 Densités probables des treillis magiques harmonieux et
normaux
La plus petite densité probable d’un treillis normal
d’ordre n
ayant m cellules correspond à la somme de n entiers : les
(n
- 1) plus petits et le plus grand, soit m. Ainsi, la plus petite
densité probable d’un treillis d’ordre 4 comprenant 12 cellules est :
1 + 2 + 3 + 12 = 18.
La plus grande densité probable d’un
treillis normal d’ordre
n ayant m cellules correspond à la somme de n
entiers : le plus petit, soit 1, et les (n - 1) plus grands.
Ainsi, la plus grande densité probable d’un treillis d’ordre 4 comprenant
12 cellules est : 1 + 10 + 11 + 12 = 34. La plus petite densité probable
du treillis de la figure 25 est 18 et la plus grande est 34.

Tous les nombres compris entre la plus
petite et la plus grande densité sont également des densités probables. Le
tableau suivant indique les densités probables pour des treillis d’ordres 2
à 5 ayant de 4 à 16 cellules.
|
Nombre de cellules m |
Ordre 2 |
Ordre 3 |
Ordre 4 |
Ordre 5 |
|
4 |
5 |
7 et 8 |
10 |
--- |
|
5 |
6 |
8 à 10 |
11 à 13 |
15 |
|
6 |
7 |
9 à 12 |
12 à 16 |
16 à 19 |
|
7 |
8 |
10 à 14 |
13 à 19 |
17 à 23 |
|
8 |
9 |
11 à 16 |
14 à 22 |
18 à 27 |
|
9 |
10 |
12 à 18 |
15 à 25 |
19 à 31 |
|
10 |
11 |
13 à 20 |
16 à 28 |
20 à 35 |
|
11 |
12 |
14 à 22 |
17 à 31 |
21 à 39 |
|
12 |
13 |
15 à 24 |
18 à 34 |
22 à 43 |
|
13 |
14 |
16 à 26 |
19 à 37 |
23 à 47 |
|
14 |
15 |
17 à 28 |
20 à 40 |
24 à 51 |
|
15 |
16 |
18 à 30 |
21 à 43 |
25 à 55 |
|
16 |
17 |
19 à 32 |
22 à 46 |
26 à 59 |
Nous pouvons établir les généralités
suivantes, lorsque m est plus grand ou égal à n :
1. La plus petite densité probable d’un treillis harmonieux normal d’ordre n
plus grand ou égal à 2 est égale à m + T(n - 1) où T
est un nombre triangulaire ou encore est égale à m + [n(n
- 1)/2].
2. La plus grande densité probable d’un
treillis d’ordre
n plus grand ou égal à 2 est égale à m(n - 1) - T(n
- 2) + 1 où T est un nombre triangulaire ou encore est égale à m(n
- 1) - [n(n - 3)/2].
3. Le nombre de densités probables est
égal à (m - n)(n
- 2) + 1.
Les treillis des figures 26 et 27 ont
sept cellules chacune et sont d’ordre 3. La plus petite densité probable de
ces deux treillis est 10 et la plus grande est 14. Les densités probables sont
10, 11, 12, 13 et 14.

7.2 Densités possibles des treillis magiques harmonieux et normaux
Un treillis donné n’admet pas nécessairement toutes
les densités probables. Pour former un treillis magique, il faut d’abord
établir les densités pour lesquelles il semble possible de trouver au moins
une configuration : ce sont les densités possibles. Pour connaître les
densités possibles, il faut d’abord calculer la somme indexée. C’est une
somme qui tient compte de la position d’un nombre dans le treillis et du
degré de la cellule où il est. Cette somme indexée Si est la
somme des résultats obtenus en multipliant chaque élément d’une cellule par
son degré.
La somme indexée Si du
treillis de la figure 28 est : (1 × 2) + (2 × 2) + (3 × 2) + (4 × 3) +
(5 × 2) + (6 × 2) + (7 × 2) = 60. En abrégé, on peut écrire : Si
= 2(1 + 2 + 3 + 5 + 6 + 7) + 3 × 4 = 60. Si on divise ce résultat par le
nombre de rangées, soit 5, on obtient bien 12 qui est la densité.

Quand on doit disposer des nombres dans
un treillis, on cherche d’abord la plus petite densité possible. Dans le
treillis de la figure 29, une cellule est de degré 3, cinq sont de degré 2 et
deux de degré 1.
On
trouve la plus petite densité possible. La plus petite somme indexée sera
égale à la somme des résultats suivants :
le
plus petit nombre, soit 1, multiplié par 3 : 1 × 3 = 3
la
somme des cinq entiers consécutifs suivants (2, 3, 4, 5, 6) multipliée par
2 : 20 × 2 = 40
la
somme des deux entiers consécutifs suivants (7, 8) multipliée par 1 : 15
× 1 = 15
La somme de ces résultats est 58. On
compte cinq rangées. La plus petite densité possible est 58/5 = 11,6. On
choisit la plus petite valeur entière supérieure à 11,6 : c’est 12. Si
on se réfère au tableau précédent, la plus petite densité probable était
11. Maintenant, on est assuré que 11 ne peut pas engendrer une configuration
pour ce treillis.
On
cherche la plus grande densité possible. La plus grande somme indexée sera
égale à la somme des résultats suivants :
le
plus grand nombre, soit 8, multiplié par 3 : 8 × 3 = 24
la
somme des cinq entiers consécutifs suivants en ordre décroissant (7, 6, 5, 4,
3) multipliée par 2 : 25 × 2 = 50
la
somme des deux entiers consécutifs suivants en ordre décroissant (2, 1)
multipliée par 1 : 3 × 1 = 3
La somme de ces résultats est 77. On
compte cinq rangées. La plus grande densité possible est 77/5 = 15,4. On
choisit la plus grande valeur entière inférieure à 15,4 : c’est 15. Si
on se réfère au tableau précédent, la plus grande densité probable était
16. Elle est donc maintenant exclue pour ce treillis. En résumé, les densités
possibles de ce treillis sont 12, 13, 14 et 15.
7.3 Densités complémentaires des treillis magiques
harmonieux et normaux
Lorsqu’il y a plus d’une densité pour un treillis,
la plus petite densité possible d1 et la plus grande
densité possible d2
sont dites complémentaires. Il en est de toute paire de densités dont la
somme est : d1 + d2. Ainsi, dans le
treillis de la figure 29, 12 et 15 sont des densités complémentaires, de même
que 13 et 14.
Connaissant la plus petite densité d1 et
la plus grande d2, on peut trouver la complémentaire d’une
densité d3 dans l’intervalle des densités possibles en
appliquant la formule : d1 + d2 - d3.
Si on ne connaît pas les densités d1 et d2,
la complémentaire de d3 est : n(m + 1) - d3,
où n est l’ordre et m le nombre de cellules.
Par exemple, connaissant la densité 13
dans le treillis de la figure 29, la densité complémentaire est : 3(8 +
1) - 13 = 14. Il est possible que le résultat obtenu soit égal à d3.
Dans ce cas, la densité donnée n’a pas de complémentaire. C’est une
densité unique ou la densité centrale de celles qui sont possibles. Ainsi,
dans un treillis de huit cellules d’ordre 4, la densité centrale est 18. De
façon générale, la densité centrale est égale à n(m + 1)/2.
Si le résultat n’est pas un nombre entier, il n’y a pas de densité
centrale.
Lorsque les densités sont
complémentaires, les treillis sont également dits complémentaires.
Connaissant une configuration d’un treillis avec une densité déterminée, on
peut former le treillis complémentaire en soustrayant tout élément de (m +
1). La densité du treillis de la figure 30 est 12 ; celle de la figure 31
est 15. Les deux densités sont complémentaires et les treillis aussi sont
complémentaires.

Dans la
recherche pour former des treillis magiques, on peut partir de la plus petite
densité jusqu’à la densité centrale. Si on a besoin de connaître les
configurations pour les autres densités, on utilise cette règle de formation
des treillis complémentaires.
8.0 Formation
des treillis magiques harmonieux et normaux
La prochaine étape consiste à vérifier si chacune
des densités possibles permet des configurations ou non. Il existe plusieurs
procédés de formation de treillis magiques. Nous en expliciterons un à partir
des combinaisons.
8.1 Code attribué aux combinaisons
Connaissant la densité 12 du treillis de la figure 32,
nous allons rechercher toutes les combinaisons de trois nombres choisis parmi
les entiers de 1 à 8 dont la somme est 12. Il y en a six. Les voici : (1,
3, 8), (1, 4, 7), (1, 5, 6), (2, 3, 7), (2, 4, 6) et (3, 4, 5).

Nous devons comparer le nombre de
combinaisons avec le nombre de rangées. S’il y a moins de combinaisons que de
rangées, il n’y a pas de configuration. Tel n’est pas le cas ici.
On détermine la fréquence d’apparition
de chaque nombre dans les combinaisons. La fréquence de 1, qui est notée f(1),
est 3, puisque le 3 apparaît trois fois. Voici le détail des
fréquences : f(1) = 3, f(2) =
2, f(3) = 3, f(4) = 3, f(5)
= 2, f(6) = 2, f(7) = 2 et f(8)
= 1. Trois nombres (1, 3, 4) apparaissent trois fois, quatre nombres (2, 5, 6,
7) deux fois et un nombre (8) une fois.
La somme des fréquences est 18. Ce qui
est exact puisqu’on a puisé les informations dans six combinaisons de trois
nombres chacun. Tout comme on l’a fait pour le treillis, on attribue un code
à chaque ensemble de combinaisons. Ce code est aussi constitué de cinq
paramètres sous cette forme : A-B-C-D-E où A est le plus grand
entier, B le nombre de combinaisons, C le nombre d’éléments par
combinaison, D la fréquence des éléments, E la somme des éléments
de chaque combinaison.
Pour le treillis de la figure 32, le
code des combinaisons est 8-6-3-341-12. Le paramètre 341 signifie que, dans les
combinaisons, trois nombres apparaissent trois fois (centaine), quatre nombres
deux fois (dizaine) et un nombre une seule fois (unité). Le cinquième
paramètre remplace le compteur retenu dans le code du treillis.
8.2 Disposition des nombres selon leur fréquence
Le code du treillis de la figure 32 est 8-5-3-152-1a
et celui des combinaisons est 8-6-3-341-12. Les deux premiers paramètres sont
identiques. Le troisième paramètre est supérieur de 1 dans les combinaisons.
D’où, une combinaison ne servira pas. Le quatrième paramètre du code des
combinaisons est supérieur. D’où, un seul des trois nombres de fréquence 3
peut apparaître dans la cellule de degré 3. Dans les cinq cellules de degré
2, on pourra placer cinq nombres parmi les deux nombres non choisis de
fréquence 3 et les quatre de fréquence 2. Dans les deux cellules de degré 1,
on devra placer le nombre de fréquence 1 et un des nombres qui restent.
La cellule centrale de la base recevra
1, 3 ou 4, car ces trois éléments ont une fréquence de 3 dans les
combinaisons. L’une des cellules supérieures des extrémités recevra 8. En
appliquant ces données et avec un peu de tâtonnement, on trouve les quatre
configurations suivantes quand la densité est 12.

Les configurations 33 et 34 sont
considérées comme équivalentes. On peut tracer un axe de symétrie vertical
passant par le centre de la figure : 8 est l’image de 5 ; 3 est l’image
de 6 ; 7 est l’image de 4. Les configurations 35 et 36 sont aussi
équivalentes à cause d’un même axe de symétrie. Ce treillis a donc deux
configurations quand la densité est 12.
Si la densité est 13, les combinaisons
sont : (1, 4, 8), (1, 5, 7), (2, 3, 8), (2, 4, 7), (2, 5, 6) et (3, 4, 6).
La fréquence de chaque nombre dans les combinaisons est : f(1)
= 2, f(2) = 3, f(3) = 2, f(4)
= 3, f(5) = 2, f(6) = 2, f(7)
= 2, f(8) = 2. Deux nombres (2, 4) apparaissent trois fois
et six nombres (1, 3, 5, 6, 7, 8) deux fois.
Le code des combinaisons est :
8-6-3-260-13. La comparaison avec le code du treillis qui est 8-5-3-152-1a
permet de croire que des configurations sont possibles. La cellule centrale de
la base recevra 2 ou 4. Après avoir placé 2, on complète les rangées avec 3
et 8, 4 et 7, puis 5 et 6. Après avoir placé 4, on complète avec 1 et 8, 2 et
7, ou 3 et 6. En appliquant ces données et avec un peu de tâtonnement, on
trouve les configurations 37 et 38.

En déplaçant les éléments par
rapport à un axe de symétrie verticale, on obtiendrait, dans chaque cas, une
configuration équivalente.
La densité 14 est complémentaire à la
densité 13. Il y a donc deux configurations pour la densité 14 (fig. 39 et
40). Ce sont les complémentaires des treillis des figures 37 et 38.

La densité 15
est complémentaire à la densité 12. Dans ce cas, le treillis a deux
configurations (fig. 41 et 42). Ce sont les complémentaires des treillis des
figures 33 et 35. Bref, le treillis de la figure 32 a en tout six configurations
différentes quand on place les entiers consécutifs de 1 à 8.
9.0 En
guise de conclusion
Nous vous avons présenté un procédé pour construire
des treillis magiques. Ce procédé peut s’appliquer à tous les treillis.
Quand l’ordre du treillis est relativement grand, le travail de recherche peut
être plus long. C’est alors l’occasion d’associer d’autres stratégies.
La
démarche proposée permet donc une économie de temps et permet surtout d’identifier
assez rapidement s’il y a configuration ou pas. Lorsqu’un treillis ne peut
pas être magique et qu’on procède par tâtonnement, on ne peut pas déclarer
qu’il n’y a pas de configuration, à moins d’avoir vérifié toutes les
combinaisons. Avec un peu de pratique et en appliquant le procédé expliqué,
certains treillis peuvent être résolus rapidement. Û
______
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